Page 62 - L'Extension N° 69 / Juin 2019
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.écolonomie/environnement
















                          Le plastique,






                          bête noire du Léman






                          Il n’y a pas que les océans qui souffrent de l’invasion plastique. Quelque 50 tonnes
                          finissent dans le Léman chaque année selon l’association pour la sauvegarde du lac.
                          Explications.


                                 e meilleur déchet est   Jean-Bernard Lachavanne, pré-
                                 celui que l’on ne produit   sident de l’ASL.
                                 pas… Tout le monde en
                                 est  convaincu  et  pour-  30 TONNES
                         L tant  le  quotidien  nous     DE POUSSIÈRE DE PNEUS…
                          prouve régulièrement le contraire.   Côté composition, on trouve prin-
                          Car même si nous sommes loin   cipalement des déchets sauvages
                          du 7  continent, ce fameux océan   et emballages à hauteur d’au
                              e
                          de plastiques agglutinés au nord   moins  10  tonnes,  des  déchets
                          d’Hawaï, ce dérivé du pétrole fait   de  construction  à hauteur  de
                          aussi des vagues sur notre terri-  3,3 tonnes et, plus inattendu, des
                          toire.                         poussières de pneus liée à l’usure
                          L’an dernier, l’Association pour la   de ces derniers à hauteur de…
          Depuis 2005,    sauvegarde du Léman (ASL)* a   30 tonnes !
          les opérations de 
          nettoyage organisées   mandaté le docteur Bouché pour   « Ces poussières entrent principa-
          par l’association   effectuer une étude sur la modéli-  lement dans le lac par les eaux de
          pour la sauvegarde   sation des flux de plastiques dans   ruissellement et sont, elles aussi,
          du Léman ont soulagé   le Léman, étude menée en par-  plus lourdes que l’eau », précise le
          le lac de plus    tenariat avec l’EPFL,  École poly-  président.
          de 100 000 kilos
          de déchets.     technique fédérale de Lausanne.   En cause, l’accroissement de la
                          Selon ses conclusions, quelque   population, de la mobilité, l’évo-
                          50 tonnes de plastiques termine-  lution des habitudes de consom-
                          raient chaque année dans le Léman   mation… mais aussi une certaine
                          et 90 % y resteraient, seuls 10 %   négligence !
                          étant entraînés vers l’aval par le
                          Rhône.                         PRÉSENCE                      élevées et dépassant le maximum
                          « Une grande partie coulerait et   DE MÉTAUX LOURDS          autorisé  par  la  législation  euro-
                          s’accumulerait dans les sédiments   Il y a un peu plus d’un an par ail-  péenne. C’est une des rares études
                          car leur densité est souvent plus   leurs, une analyse chimique de plus   sur les plastiques dans les lacs et
                          élevée que celle de l’eau », relève   de 600 articles en plastique collec-  la première réalisée dans le Léman.
                                                         tés sur douze plages de galets du   « Les débris de plastique dans les
                                                         lac franco-suisse, effectuée par   lacs d’eau douce sont susceptibles
                                                         des chercheurs des universités de   de poser les mêmes problèmes à  © Association pour la sauvegarde du Léman
                          Seuls 10 % des plastiques finissant   Genève (UNIGE) et de Plymouth,   la faune que les plastiques marins.
                          chaque année dans le Léman sont   révélait aussi la présence de cad-  À  cet égard, l’enchevêtrement
                          entraînés vers l’aval par le Rhône.  mium, de mercure et de plomb,   et l’ingestion sont les plus pré-
                                                         parfois à des concentrations très   occupants »,  avait alors alerté

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