Route du futur : Autoroutes et Tunnel du Mont Blanc réunit experts et parties prenantes pour réfléchir aux mobilités de demain

Le jeudi 10 décembre 2015 à Paris, dans le cadre de Solutions COP21, Autoroutes et Tunnel du Mont Blanc (ATMB) a organisé une table ronde sur le thème « Route du futur : innover pour des mobilités durables ». Lors de cette matinée d’échanges au Grand Palais, ATMB a réuni des experts et des personnalités venus d’horizons très différents : France Stratégie, URF, IFSTTAR, ADEME, FEDRE, Instituts VEDECOM et CSA ainsi qu’un professeur de philosophie.

Près de 200 participants et acteurs de la société civile ont échangé sur les questions de mobilité durable et les évolutions de la société, dans le contexte de la COP 21, autour de François Drouin, président d’ATMB.

A l’occasion du 50e anniversaire de l’ouverture du Tunnel du Mont Blanc, ATMB a développé cette année un programme d’innovation. « En construisant ce programme, nous avons imaginé un rendez-vous où l’ensemble des experts et acteurs de la société civile pourraient se réunir et échanger autour de la route du futur. Au sein d’ATMB, toutes les équipes ont à cœur de poursuivre le travail d’innovation engagé par les visionnaires qui ont imaginé le Tunnel du Mont Blanc il y a plus de 50 ans. Aujourd’hui, nous agissons en ce sens en réfléchissant à ce que sera la route dans 20 ou 30 ans » a déclaré en introduction François Drouin, président d’ATMB.

La route du futur, une route plus sûre et plus verte au cœur des mobilités durables

En préambule de la discussion, Claude Cham, président de l’Union Routière de France, est intervenu : « En France, la route représente 88 % du transport de voyageurs et de marchandises. Elle joue un rôle clé et continuera de le jouer dans le futur. Elle devra s’adapter aux nouveaux usages de la mobilité qui seront développés par les générations futures et sera une composante clé d’un système global, multimodal. »
« La route du futur devra être plus sûre et plus verte en préservant l’environnement et en produisant de l’énergie. Cette opinion est largement partagée quelle que soit la nationalité, française, italienne ou néerlandaise. Par exemple, 64% des Français font de la sécurité la priorité numéro 1 de la route du futur et 45 % l’envisagent comme parfaitement intégrée à son environnement » a expliqué Julie Gaillot, directrice adjointe du pôle society de l’institut CSA, chargée de l’étude sur la route du futur* réalisée à la demande d’ATMB (disponible en pièce-jointe).

Le véhicule autonome, la liberté retrouvée ?

Le concept du véhicule autonome est accueilli de manière partagée (seulement 40 % d’opinions favorables chez les Français). Ainsi « l’idée d’une voiture autonome donne à certains l’impression de perdre la notion de plaisir associée à la conduite » relève Julie Gaillot de l’institut CSA. « D’autres pour qui la voiture n’est pas un objectif en soi mais un outil voient le véhicule autonome comme un vrai facilitateur ».

Pour Frédéric Mathis, directeur du programme Véhicule de l’Institut du Véhicule Décarboné, Communicant et de sa mobilité (VEDECOM), « le véhicule autonome, c’est la liberté retrouvée ! Notre vision est un véhicule où les conducteurs ont le choix. Ils peuvent déléguer ou non la conduite. Le véhicule autonome sera connecté et permettra d’améliorer la sécurité et de retrouver du temps disponible. La voiture ne sera plus considérée comme une prison, comme elle peut l’être parfois. Pour autant, il reviendra au conducteur de décider de quel degré d’autonomie il souhaite bénéficier ».

Une route du futur au cœur des enjeux climatiques, nécessairement soutenue par la société civile Dominique Auverlot, directeur du département développement durable de France Stratégie, a souligné que la route du futur doit également se penser dans un contexte plus global, en lien avec les évolutions du climat. « Le transport
routier et la route à l’horizon 2030-2035 ne pourront pas être ce qu’ils sont aujourd’hui. Pour résoudre l’incohérence qui, dans le prolongement de l’Accord de Paris, existe entre l’objectif de limitation de la température de la planète et les émissions mondiales qui, au lieu de diminuer, continuent à progresser au moins jusque 2030, il faudra trouver, probablement avant 2030-2035 et dans des délais courts, des solutions nettement moins émettrices de carbone et se diriger vers un monde zéro carbone à un horizon qu’il reste à préciser. La question concerne donc aussi bien le véhicule, que les infrastructures et l’énergie en général »
.
« Au-delà des nouvelles infrastructures, nous devrons intégrer les transports et les usagers à cette route du futur. Cette route devra être conçue en mettant les attentes individuelles au cœur du dispositif » confirme Hélène Jacquot- Guimbal, directrice générale de l’Institut Français des Sciences et Technologies des Transports, de l’Aménagement et des Réseaux (IFSTTAR).

Une route du futur intégrée dans une chaîne de mobilités, au service de chacun

Pour pouvoir fonctionner, la route du futur devra être associée aux autres modes de transports et susciter l’adhésion de chacun. Piétons, cyclistes ou automobilistes, tous devront participer à ce mouvement et être convaincus de son utilité. « La route est en situation dominante et le restera longtemps, mais il faut améliorer le partage. La multi-modalité, en particulier par le rail, doit tenir une place importante dans le futur. Pour qu’elle soit possible, la transition dont nous parlons devra avoir un appui démocratique. Il faudra donner aux gens l’envie d’avancer et intégrer cela dans un projet de société » ajoute Claude Haegi, président de la Fondation Européenne pour le Développement Durable des Régions (FEDRE), ancien président et membre du Gouvernement de la République et Canton de Genève. S’intéressant à la question de l’évolution des usages et des comportements, Marie-Christine Prémartin, directrice exécutive des programmes de l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (ADEME) relève que « l’enjeu est de favoriser l’interconnexion et le collaboratif. Grâce au numérique, nous disposons d’une foule d’informations. Pour réduire l’impact de la mobilité et des transports sur l’environnement, sans limiter les déplacements, nous devons utiliser ces données pour innover sur les services et créer une chaîne de mobilités « vertueuse » dans laquelle chacun se retrouve ».

En conclusion, Raphaël Enthoven, professeur de philosophie, s’interrogeant sur la place des individus au cœur de cette route du futur, témoigne : « obtenir une convergence entre l’égoïsme de chacun et l’intérêt général est essentiel à une réforme des comportements. C’est la seule façon que l’on ait trouvée non pas de décider (ce qui n’engage à rien) mais d’être décidé (ce qui engage l’âme toute entière), et pour être décidé il faut, malheureusement, y trouver son intérêt ».

21.01.2016

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