Page 96 - L'Extension N° 62 / Janvier-Février 2018
P. 96
.bien-vivre/gastronomie
Balade
autour du miel et du calamondin
Ravir ses papilles peut devenir un acte militant ! Malgré les thématiques émergentes du bien-vivre et du retour de la nature en ville, le
respect des saisons et le choix des circuits courts pour soutenir les producteurs locaux ne coulent pas encore de source. La transition
passe par un apprentissage du terroir régional et le soutien citoyen aux initiatives mettant en avant savoir-faire et créativité.
téphanie Vuadens a délaissé la qualité des produits et la réponse à bridations originales dans ses serres,
EN SAVOIR PLUS un métier scientifique dans des attentes souvent très spécifiques, installées à Gland (VD). Il caresse même
Une rubrique l’industrie pharmaceutique comme pour la recette qui va suivre. le rêve de créer une collection d’agru-
gourmande qui pour se convertir à l’api- « Pour confectionner le drapé de cho- mes helvétiques dans le cadre d’un
marie les plaisirs Sculture en 2014. Devenue colat noir au miel, nous recherchons le programme de recherche national. Sa
de la haute la seule professionnelle, au mascu- meilleur des miels “en rayon”, avec la production d’oranges amères suisses,
gastronomie lin comme au féminin, du canton de cire. Contenu dans les alvéoles, le miel de yuzus, cédrats, kumquats ou autres
aux traditions Genève dans ce domaine, elle approvi- délivre un goût originel exceptionnel », bergamotes est encore confidentielle
populaires et aux sionne aujourd’hui en miel les meilleurs explique Franck Meyer, chef des cui- mais elle inspire, elle aussi, les plus
produits du terroir tables. Le hasard, « une rencontre aty- sines de l’hôtel Président Wilson, bras grands chefs. On dit du calamondin
pique entre un essaim et [son] jardin », droit de Michel Roth depuis 14 ans. (Citrus mitis), issu de l’hybridation entre
est très vite devenu une passion, une la mandarine et le kumquat, qu’il est
évidence puis un engagement. Sa pro- DES VALEURS ENVIRONNEMEN- décoratif, mais c’est une idée reçue, il
duction, totalement artisanale, issue de TALES ET SOCIALES est très parfumé et son amertume se
plusieurs centaines de ruches dissé- Au-delà de l’intérêt pour la qualité de marie parfaitement avec le miel, doux,
minées à travers les prairies du canton la denrée qu’elle produit, Stéphanie et le chocolat.
genevois, va directement de ses rayons Vuadens lutte en faveur d’une prise de Goûter le Drapé de chocolat noir,
de cire naturelle aux pots de miel sans conscience générale. « Mon travail est miel de ruche et crémeux calamondin
aucun intermédiaire. 100 % brut de minutieux, respectueux, passionné, au prend soudainement une toute autre
ruche, ses miels sont non chauffés, fil des saisons et des années. Il renvoie dimension. n
non mélangés et sans sucre ajouté. à des valeurs de qualité de vie, mais Sophie Barenne
La relation personnalisée et de proxi- surtout de conscience écologique, www.mielsdestephanie.ch
mité est déterminante pour la cuisine d’éducation et d’espoir pour la relève www.nielsrodin.com
gastronomique. C’est ce qui garantit à venir. On ne parle pas simplement de
miel, mais de survie pure et simple des
abeilles dans notre région », déclare DES ATOUTS SANTÉ
t-elle. « Je souhaite encourager l’éco- La cire d’abeille est un concentré de
logie participative, active et d’hyper miel, fréquemment utilisée en
proximité, en incitant les Genevois non pâtisserie. Le fait de mastiquer cire et
seulement à déguster les miels locaux miel en même temps, puis d’avaler la
mais aussi en appréciant le nectar cire, est excellent pour la santé.
produit par une ruche parrainée. » En L’effet mécanique allié aux propriétés
recréant une biosphère et en préser- antiseptiques du miel a pour effet de
vant un savoir-faire, Stéphanie nourrit dégager les bronches.
les hommes et nourrit leur vie.
Plus qu’une simple ouverture éco-
nomique, voilà le terroir porteur de
nouveaux récits symboliques dans la
région. À l’instar de Stéphanie Vuadens,
Niels Rodin a quitté son métier de ban-
quier pour devenir agrumiculteur... Peu Photos : © DR • © Grant Symon
courant dans la région, d’autant qu’il
fait pousser pas moins de 150 variétés,
parfois uniques, souvent issues d’hy-
96 l’EXTENSION / FÉVRIER 2018