Page 36 - L'Extension N° 67 / Décembre 2018 - Janvier 2019
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[dossier/montagne]












                 Lits “froids” :  un sujet brûlant


                 en France comme en Suisse





                 Les logements aux volets clos, pas ou peu occupés par leurs
                 propriétaires et non loués, sont la bête noire des stations de sports
                 d’hiver car leur activité en dépend directement. De part et d’autre
                 de la frontière, des initiatives ont fait jour pour pallier ce phénomène.


                            ême si le paysage immobilier
                            des stations de montagne
                            est loin d’être homogène
                            de part et d’autre de la fron-  4
                M tière, il est un point commun
                 qui passe allègrement la douane, suscite   On considère généralement
                 des inquiétudes et se joue avec désinvol-  qu’un lit est dit “froid” s’il
                 ture des particularismes ambiants : la pro-  est occupé moins de quatre
                 blématique des “lits froids”.            semaines par an, et “chaud”
                 La fonte des lits marchands est estimée   s’il est utilisé au moins douze
                 entre 2 et 3 % chaque hiver en France et,   semaines par an. Les lits sont
                 une fois n’est pas coutume, le réchauffe-  qualifiés de “tièdes” lorsqu’ils
                 ment climatique n’y est pour rien ! Il en est   sont occupés entre un et trois
                 de même en Suisse. Pour Laurent Vanat,   mois dans l’année.
                 consultant suisse et auteur du rapport inter-
                 national annuel sur le tourisme de neige et
                 de montagne, ce phénomène est notam-
                 ment lié à deux facteurs  : d’un côté (en   20 %
                 Suisse), une nette prédominance de rési-
                 dences secondaires version chalets, parfois   En Suisse, l’écologiste bâlois
                 vieillissantes, louées à l’unité, qui intéressent   Franz Weber a dénoncé les
                 peu les tours opérateurs, et de l’autre (en   résidences secondaires dont
                 France), une forte proportion de résidences   les volets s’ouvrent peu ou pas
                 de tourisme édifiées avant 1990. Là, les pro-  du tout. On lui doit l’“initiative”
                 priétaires–bailleurs préfèrent parfois occuper   populaire destinée à équilibrer
                 leur bien à titre personnel une fois leur bail   résidences principales et
                 échu et/ou se doivent d’avoir à envisager   secondaires. Son but ?
                 des travaux de rénovation souvent coûteux   Limiter ces dernières, dans
                 qu’ils n’entreprennent pas toujours.     les communes, à 20 % du
                                                          total des lits, toutes origines
                 INCITER A RENOVER                        confondues. Après avoir
                 Ces résidences ont été conçues dans les   recueilli les 100 000 signatures
                 années 1970, dans le cadre d’un “Plan    nécessaires à l’organisation
                 neige”, pour créer rapidement un parc de   d’une votation sur le sujet, et
                 location important en station et permettre   malgré l’appel à se prononcer
                 leur essor. Ce dispositif, proposé comme un   contre du gouvernement et du
                 investissement locatif sûr pour les proprié-  parlement, il a obtenu gain de
                 taires (déduction de TVA sur le prix d’achat,   cause : 50,6 % des votants ont
                 réduction d’impôt moyennant l’engagement   approuvé l’instauration de ce
                 de louer le bien pendant au moins neuf ans)   quota le 11 mars 2012. La Lex
                 a fait boule de neige… Sauf qu’au fil des   Weber est entrée en vigueur
                 ans, les bâtiments ont vieilli, les souhaits   de 1  janvier 2016.
                                                             er
                 des vacanciers ont évolué… La rénovation
                 est devenue un défi majeur. Collectivités et
                 acteurs de la montagne ont donc retroussé

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