Page 19 - L'Extension N° 62 / Janvier-Février 2018
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.décodage/les petits déjeuners du CDE









                 Il est urgent de réformer



                 la fiscalité des entreprises !





                 Le ministre des Finances,
                 Serge Dal Busco, était l’invité du dernier
                 petit déjeuner du Cercle des Dirigeants
                 d’Entreprises.



                       e  ministre  des  Finances,
                       Serge Dal Busco, ne fait
                       pas des effets de manches :
                       plutôt discret, il a la rigueur
                L de l’ingénieur polytechnicien
                 qu’il est. Le poids de ses dossiers est
                 considérable. La fiscalité des entre-
                 prises ou la réforme des retraites des
                 fonctionnaires, qui subit notamment
                 les effets du prolongement de la vie,
                 mais aussi de la décapitalisation déci-  ment été attirées par une fiscalité pri-  attendre, grâce notamment à la com-
                 dée il y a quelques années, ne peuvent   vilégiée. Le canton de Vaud avait agi   plicité entre un ministre libéral-radical
                 faire l’unanimité. La confrontation des   dans le même sens. À Genève, elles   et un socialiste et à un large appui des   Serge Dal Busco
                 intérêts est trop forte. Pour avancer, le   représentent 22 000 emplois et plus de   électeurs, d’abaisser le taux de 20,95 %   a évoqué l’attrait
                 magistrat évolue avec des majorités   66 000 indirectement.       à 13,79 % dès 2019 ! Si Genève devait   de Genève pour
                 incertaines et ne peut passer en force   Le référendum lancé contre la réforme   être en panne, elle prendrait des risques   les acteurs
                 pour réussir jusqu’au bout.      a finalement été soutenu, le 12 février   considérables de chutes des revenus   économiques,
                                                  2017, par une majorité de citoyens   fiscaux des entreprises, la mobilité de   mais aussi le fait
                 ALLÉGER LA FISCALITÉ             (59,1 %), craignant notamment de   la localisation des sièges d’entreprises   que rien n’est
                 DES ENTREPRISES,                 trop fortes diminutions des recettes qui   étant évidente.          acquis pour rester
                 MULTINATIONALES EXCEPTÉES        compromettraient certaines prestations                                   compétitif.
                 Lors de leurs passages aux “Petits   de l’État. C’était aussi une question très   QUE SE PASSE-T-IL APRÈS
                 déjeuners du CDE”, les ministres can-  complexe assez déroutante et exposée   CE REFUS, POUR LA SUISSE,
                 tonaux sont appelés à commenter leurs   à la désinformation. Après une analyse   POUR GENÈVE ?
                 dossiers les plus importants et préoc-  approfondie, un nouveau projet doit   “RIE III” est morte, en route pour
                 cupants.                         être élaboré.                    “PF 17” (Projet Fiscal 2017), qui doit
                 Lors de sa précédente venue avant la                              être envoyé aux Chambres fédérales
                 votation sur RIE III (Troisième Réforme   LA CONCURRENCE DU CANTON   au printemps 2018.
                 de l’Imposition des Entreprises) qui   DE VAUD PEUT ÊTRE LOURDE   Devant l’importance de cette question,
                 visait à supprimer l’imposition réduite   POUR GENÈVE             on n’a pas attendu pour remettre l’ou-
                 des sociétés holdings, de domicile et   Serge Dal Busco relève que le volet can-  vrage sur le métier, tant à Berne qu’à
                 mixtes, qui n’est plus conforme aux   tonal de la réforme touchant la question   Genève.
                 normes internationales, le ministre   du taux d’imposition, qui est une com-  Sur le plan fédéral, les propositions
                 genevois des Finances, Serge Dal   pétence cantonale, peut être traité sans   sont très proches de ce qui avait été
                 Busco, avait plaidé avec conviction en   attendre que le nouveau projet fédéral   concocté et défendu à Berne par Serge
                 faveur de cette réforme fédérale et de   soit sous toit mais que Genève ne vou-  Dal Busco. Elles corrigent diverses
                 son application genevoise, uniformisant   drait pas anticiper. Or il se trouve que   mesures qui, cumulées, avaient contri-
                 la fiscalité des entreprises en augmen-  le canton de Vaud a décidé seul, sans   bué à l’échec de RIE III. Un regret : la
                 tant légèrement celle des multinatio-                             proposition du Conseil fédéral repré-
                 nales et allégeant fortement celle des                            sente environ 200 millions en moins
                 autres entreprises. Ce projet portait                             pour les cantons.
                 également une forte volonté de favori-  « En clair, il est temps que Genève se   Avec réalisme, Serge Dal Busco a évo-
                 ser l’innovation. Il jugeait cette proposi-  bouge et trouve un consensus alors   qué l’attrait de Genève pour les acteurs
                 tion comme l’une des plus importantes   que le taux genevois est de 24,2 % !   »  économiques, mais aussi le fait que rien
                 de la décennie pour la Suisse et Genève                           n’est acquis pour rester compétitif et ne
                 en particulier, avec son grand nombre           Serge Dal Busco   pas alourdir une forte dette devenant
                 de multinationales qui avaient notam-                             très ancienne. n

                                                                                                       l’EXTENSION / FÉVRIER 2018  19
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