Page 56 - L'Extension N° 66 / Octobre-Novembre 2018
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.écolonomie/énergie
Gaz naturel
et tournant énergétique
Gaznat investit massivement dans la recherche pour se positionner comme
l’une des clés de voûte de la transition énergétique en Suisse. Une place que
la société gazière a bien du mal à imposer aux politiques qui, pour des raisons
idéologiques, ne sont guère favorables au gaz naturel. Dans ce contexte de
défiance, le gaz a-t-il encore ses chances ?
018 offre l’occasion à Gaznat rait être facilement convertie au gaz
de célébrer son 50 anniver- naturel pour comprimer d’un coup les
e
Le gaz est saire ; l’opportunité égale- émissions de CO 2 . En ce qui concerne
une molécule ment pour la société gazière l’électricité, le gaz pourrait dès à pré-
incolore et inodore. 2d’affirmer son ancrage dans sent remplacer la production actuelle
Toutefois, afin de le futur et ses efforts dans la recherche. des centrales nucléaires pour éviter
déceler les fuites En l’état, même si le gaz, troisième de se tourner vers les importations, et
éventuelles, agent énergétique de Suisse derrière le donc vers de l’électricité produite dans
un produit odorant pétrole et l’électricité, jouit d’une noto- des centrales au charbon. L’argument
y est adjoint, riété et d’un capital confiance auprès vaut aussi pour la mobilité : la géné-
permettant ainsi des consommateurs, son avenir pour- ralisation des automobiles au gaz
de détecter rait bien s’assombrir dans la perspec- naturel contribuerait à la compression
sa présence tive d’un monde sans énergies fossiles. des émissions de CO 2 , d’autant que
bien avant la technologie est déjà mûre et les
que le seuil ÉNERGIE DE SUBSTITUTION infrastructures développées.
de dangerosité À COURT TERME Le gaz a donc encore quelques beaux
ne soit atteint. En Suisse, la transition énergétique jours devant lui en tant qu’énergie de
telle que formulée par les autorités substitution et n’attend plus qu’un
dans la stratégie 2050 du pays, tend à signal du prix du carbone, qui fait
l’abandon du nucléaire, à la diminution encore défaut et n’encourage pas la
des énergies fossiles et au dévelop- production par des moyens propres.
pement du renouvelable pour remplir En Europe, la taxe CO 2 tourne autour
l’objectif d’une diminution de 50 % de 8 euros, ce qui reste encore trop
des émissions de gaz à effet de serre éloigné de la vraie valeur de compen-
à l’horizon 2030 par rapport à 1990. sation. En Suisse, à 96 francs, elle est
Pour l’heure, les énergies renouve- assez élevée et pourrait inciter à la
lables n’étant pas encore en mesure substitution par le gaz de la produc-
de prendre la relève, le marché du gaz tion d’électricité, si l’électricité importée
(13,5 % de la consommation d’énergie était elle aussi taxée, ce qui n’est pas le
finale) est en phase ascendante. Sûr cas aujourd’hui et crée une distorsion
et concurrentiel, il devrait continuer sa en faveur de cette dernière, pourtant
progression car il permet de réduire, très polluante.
dans les délais les plus brefs et à des
prix abordables, les émissions de gaz DÉCARBONATION ET GAZ VERTS
à effet de serre imputables aux éner- Une vision à plus long terme, avec un
gies fossiles tels que pétrole, mazout, système de compensation plus juste-
diesel, essence et charbon occulte de ment évalué, pourrait offrir aux gaziers Outre la décarbonation, l’industrie
l’électricité importée. l’opportunité de proposer des réponses
En effet, dans le domaine du chauf- innovantes très adaptées, notamment gazière s’engage dans le dévelop-
fage, la moitié des immeubles est en captant et en stockant le CO 2 afin pement durable à travers le biogaz.
encore chauffée au mazout et pour- de le valoriser sous diverses formes. DR
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