Page 16 - L'Extension N° 67 / Décembre 2018 - Janvier 2019
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                                      « Fonds frontaliers :


                                                    le Groupement


                                                       déterminant »






              JEAN-FRANCOIS        Le montant de la rétrocession financière entre le   prime le ras le bol des communes frontalières devant l’indiffé-
                   BESSON          canton de Genève et les départements de l’Ain et   rence du préfet Henri Coury et du président du Conseil géné-
           SECRÉTAIRE GÉNÉRAL      de la Haute-Savoie est désormais connu. Un mon-  ral Arthur Lavy. Il annonce que les soixante-sept communes
              DU GROUPEMENT   tant toujours attendue avec une certaine impatience par les   frontalières se sont réunies pour fonder une association. Très
             TRANSFRONTALIER
                  EUROPÉEN   présidents de Département. Dans un contexte de diminution   vite, l’association est rejointe par les communes du Pays de
                            des fonds alloués par l’Etat, ces ressources font beaucoup de   Gex. Comme souvent en France, cette manifestation d’indé-
                            bien au budget. Le Groupement transfrontalier européen reste   pendance est très mal perçue. Lors d’une réunion houleuse,
                            persuadé de la pertinence de cette rétrocession. Elle a permis   le président du Conseil général qualifiera l’association d’une
                            une intégration optimale des travailleurs frontaliers de part et   « amicale boule » et se dit persuadé que les maires n’obtien-
                            d’autre de la frontière. A Genève, ils sont des contribuables   dront jamais rien des Suisses. Le préfet s’inquiète lui aussi
                            comme tous les travailleurs et participent ainsi au fonctionne-  craignant que les maires se fassent « colonisés » par Genève !
                            ment de leur pays d’emploi. En France, ils sont des acteurs
                            essentiels du développement de leurs communes de rési-  Pourtant, les contacts avec le Conseil d’Etat de Genève se
                            dence et du département.                          multiplient. Contrairement aux élus français, les Genevois se
                                                                              montrent beaucoup plus ouverts et compréhensifs. Ils com-
                            Beaucoup l’ont oublié, mais la mise en place de cette rétroces-  prennent très vite qu’il faut soutenir les communes françaises
                            sion vient de l’engagement de deux acteurs : le Groupement   avant de se retrouver devant une situation explosive qui pour-
                            des frontaliers et l’association des maires des communes   rait remettre en question les équilibres régionaux. En 1972,
                            frontalières. Dès sa création en 1963, le Groupement a bien   l’association des maires, dirigée par Lucien Vindret et le Grou-
                            compris qu’il fallait tout faire pour favoriser l’intégration des po-  pement, emmené par Max Préau, unissent leurs efforts. Le
                            pulations frontalières de part et d’autre de la frontière. Aux yeux   23 août, dans une longue lettre adressée à tous les hommes
                            des fondateurs, le travailleur frontalier ne devait pas être per-  politiques de la région, le Groupement insiste sur la rétroces-  C’est votre meilleur ami, pas un covoitureur !
                            çu comme une charge pour sa commune, mais bien comme   sion aux communes frontalières d’une partie des sommes
                            un travailleur participant financièrement au développement de   prélevées à Genève.
                            celle-ci. Dès 1963, les débats internes font ressortir la néces-  Tout au long des mois qui suivent, les pourparlers entre l’as-  ATMB est l’acteur autoroutier français le plus innovant et le plus engagé pour le
                            sité d’une action vis-à-vis des Genevois pour qu’ils participent   sociation des maires et Genève se poursuivent. Finalement,   développement du covoiturage au quotidien. Déjà fière de proposer le taux de
                            au développement des communes frontalières, côté français.   les Français se retrouvent tous à Paris pour finaliser, enfin, un
                            En 1965, une première réunion avec des conseillers d’Etat de   protocole d’accord. Genève reversera 3,5 % de la masse sa-  places de covoiturage le plus élevé de France, ATMB va encore plus loin dans la
                            Genève permet d’aborder pour la première fois cette ques-  lariale des frontaliers à la France voisine. Et le 29 janvier 1973,   mobilité responsable, durable et innovante.
                            tion. Il faudra quand même attendre cinq années pour que les   l’accord est signé ! Le premier versement sera de 10 millions   Depuis septembre, elle a lancé une nouvelle offre de télépéage ambitieuse avec
                            discussions prennent un tour plus concret. Il faut dire qu’entre   de francs pour l’année. 45 années plus tard, il aura été mul-
                            temps, les membres du Groupement se sont rapprochés des   tiplié par 28. Il a atteint l’an passé les 282 millions de francs   un geste commercial sur le prix du péage, ainsi que l’expérimentation – inédite
                                                                                                                                                                         ère
                            élus locaux (certains étant d’ailleurs et maire et frontalier !).   suisses. Pas de doute, dans les années soixante, certains   entre deux pays ! – de la 1 voie de covoiturage autoroutière et frontalière avec la
                            Comme le rappelle Henri Chevallier, dans un texte sur « l’affaire   étaient plus visionnaires que d’autres !       Suisse, à Thônex-Vallard. Profitez dès maintenant de ces nouvelles solutions
                            des fonds frontaliers » paru en 2002, il faudra un
                            coup d’état des maires locaux pour faire bouger                                                                    de mobilité. Plus d’infos sur atmb.com.
                            les choses.                                REPÈRES
                                                                       Jean-François Besson est secrétaire général du Groupement transfrontalier européen
                            Les maires se fâchent !                    depuis la création de ce poste en 1992.
                            En 1970, lors du congrès départemental, Lucien    Il contribue, depuis, au développement de cette association qui représente et défend
                            Vindret, maire de Collonges-sous-Salève, ex-  les populations transfrontalières de part et d’autre de la frontière franco-suisse.  © GTE  Suivez-nous :

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