Page 47 - L'Extension N° 64 / Juin-Juillet 2018
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son travail. Il a introduit une nouvelle
                 législation en matière fiscale et a donné
                 plus de moyens à l’Autorité de
                 surveillance des marchés financiers
                 (Finma). La Suisse est donc désormais
                 parfaitement adaptée au cadre
                 international.

                 Le secret bancaire a longtemps
                 été un argument de vente majeur
                 pour les banques suisses. Pourtant,
                 à peine cinq ans après sa disparition,
                 la Suisse reste le numéro un mondial
                 dans la gestion des actifs
                 transfrontaliers, pourquoi ?
                 Il ne faut pas surestimer l’importance
                 stratégique du secret bancaire dans la
                 capacité des banques à faire du profit.
                 Une banque est d’abord une institution
                 qui gagne de l’argent avec de l’argent.
                 Si la banque suisse avait fait uniquement
                 du secret bancaire, on n’en parlerait
                 plus aujourd’hui. Il y a quand même
                 un savoir-faire en gestion, une
                 internationalité, un renom reconnus,
                 et les pratiques de confidentialité
                 se maintiennent (sauf devant la justice
                 pénale et l’autorité fiscale). Tout le pari
                 de la Suisse, quand elle a admis, en
                 2013, qu’il en était fini du secret bancaire,
                 c’était de dire ok, notre législation devient
                 plus transparente, mais pas plus que
                 les autres. Elle a conclu des accords
                 d’échanges d’informations uniquement
                 avec des pays qui garantissaient la
                 confidentialité de leurs clients. En fait,
                 les déposants peuvent quitter les
                 banques suisses, mais ce qu’ils trouvent
                 ailleurs n’est pas forcément mieux,
                 donc la plupart sont restés après avoir
                 réglé leurs amendes. La grande saignée
                 s’est produite entre 2013 et 2015,
                 quand les déposants se sont faits
                 rattraper par les autorités fiscales de
                 leurs pays et ont dû payer des amendes,
                 des arriérés, etc. Il ne faut pas non plus
                 oublier que, depuis, l’économie va mieux,
                 donc les profits augmentent, donc
                 les rendements et les plus-values des
                 fortunes privées progressent aussi,
                 et les banques ont retrouvé leur capacité
                 à recueillir de l’argent. Il faut aussi voir
                 qu’il y a moins de banques aujourd’hui
                 qu’il y a une dizaine d’années. Une forte
                 minorité d’entre elles ne dégage pas
                 de bénéfices, et vit toujours des temps
             © Yves Genier  difficiles. n  Romain Fournier




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