Page 28 - L'Extension N° 62 / Janvier-Février 2018

.économie/secteur d’activité

Commerce

la morosité l’emporte

dans le Genevois

Les acteurs économiques, de part et d’autre de la frontière, dressent un bilan
pour le moins mitigé de 2017 alors que “le tourisme d’achat” continue
à faire souffrir les commerçants de la cité de Calvin.
«E videmment, nous couperet. Même si les choses se sont

avons toujours un
stabilisées et équilibrées en ce qui
pourcentage rela-
concerne le taux de change, le mal
tivement élevé de
est fait et les habitudes sont prises de
suisse,
clientèle
y compris pendant ces fêtes de fin franchir la frontière pour trouver meil-
leur marché ».
d’année, mais le panier moyen a très Pour Isabelle Fatton, un autre phéno-
sensiblement diminué. » mène a également desservi les com-
Le constat émane, sous réserve merces genevois : « La loi Macron, qui
d’anonymat, d’un responsable de permet l’ouverture des magasins le
GMS (Grande et Moyenne Surface), dimanche, a été un mauvais coup pour
REPÈRES
situé au centre-ville d’Annemasse. Et, nous. À Genève, nous avions voté
Selon les écono- à parcourir les enseignes de la cité l’ouverture pour quatre dimanches par
mistes du Crédit frontalière, force est de constater, de an ; mais les syndicats ont dénoncé la
suisse, l’ensemble façon générale, que le moral n’est pas convention et, du coup, nous restons
des consomma- vraiment au beau fixe. « La fréquenta- fermés. Je vous laisse deviner où vont gué au développement économique
teurs suisses tion globale se maintient peu ou prou, les clients suisses qui ont envie de du commerce de l’État de Genève,
effectue en mais il y a à l’évidence un problème faire des courses le dimanche… » a dressé ce plan d’action à l’horizon
moyenne trois de pouvoir d’achat, qu’il s’agisse de la 2030, qui se décline en huit axes et
déplacements clientèle suisse ou française, poursuit VERS LA CRÉATION 58 mesures, qui devront être mis en
d’achat à l’étranger ce cadre, et ce, que l’on considère les D’UN OBSERVATOIRE œuvre dès cette année : un observa-
par an. Trois quarts GMS, comme la nôtre, ou les franchi- DU COMMERCE toire du commerce doit ainsi être créé ;
de ces achats sés spécialisés dans l’habillement, les Devant ce constat, les autorités gene- des formations spécifiques délivrées ;
sont effectués par accessoires de mode et autres… » voises se sont mobilisées durant l’été une amélioration de l’image enga-
les habitants des Faut-il donc trouver du côté de Genève, 2017 en lançant un plan d’action. gée ; un laboratoire d’innovation créé ;
zones frontalières. où le commerce aurait repris des cou- Lors de la présentation de ce pro- un partenariat privé-public initié ; un
Un achat moyen leurs, une explication à ces chiffres gramme pluri-annuel, Olivier Sandoz, “commerce urbain” moins gourmand
hors des frontières d’affaires en berne côté français ? de la Fédération des entrepreneurs en surface et une simplification des
devient rentable à Paradoxalement, non ! Outre-Foron, romands (FER), a encouragé les démarches.
partir de 274 francs les affaires ne semblent pas meilleures acteurs économiques « à ne pas rester Car, comme le souligne Nicolas
d’achat par voiture non plus : « Voilà plusieurs années bloqués sur le franc fort et le tourisme Inglard, CEO d’Imadeo – entreprise
ou de 105 francs que nous souffrons, lâche d’emblée d’achat immuables et à trouver spécialisée dans les études clients,
par personne. Isabelle Fatton, secrétaire de la Fédé- d’autres leviers d’action efficaces ». le conseil, les solutions pour le com-
ration du commerce genevois. En fait, Le conseiller d’État Pierre Maudet a, merce – et membre du groupe de tra-
nous ne nous sommes toujours pas pour sa part, lancé un appel « au ras- vail à l’origine de ce plan, « l’évolution
relevés de l’abandon, en 2015, par semblement du commerce local pour du commerce genevois est très néga- © Stéphane Pecorini/Ville de Genève
la Banque nationale suisse (BNS) du adresser des messages positifs aux tive sur la dernière décennie, malgré
taux plancher entre le franc et l’euro, consommateurs, accepter de prendre plus de potentiel, de clients et de sur-
qui était en vigueur durant un peu des risques, innover et mutualiser les faces. L’hyper-concurrence fait des
plus de trois ans. Ça a été un véritable forces ». Enfin, Jacques Folly, délé- dégâts, comme le e-commerce retiré

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